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Protocole de Crise
15 juin 2021

L'Histoire des Superhéros IVème partie : LÂge Sombre (Dark Age)

La fin de l’Âge de Bronze est encore plus difficile à dater que son commencement, et la définition de l’Âge qui suivra fait débat chez les amateurs. Je vous présenterai pour ma part la définition à laquelle j’adhère le plus : le Dark Âge. Deux œuvres marquantes en ouvriront la porte.

Watchmen

Watchmen de Alan Moore et Dave Gibon nous présentera une uchronie dystopique où la guerre froide est à son paroxysme et le monde est à l’aube d’une guerre nucléaire. Afin de sauver l’humanité d’une plus que probable autodestruction, un groupe de superhéros se retrouvent complice d’un plan cruel que n’auraient pas renier les pires masterminds de l’Âge d’Argent. Cette déconstruction du mythe du superhéros, teintée d’un discourt politique et philosophique prégnant, ouvrira une nouvelle voie aux récits super héroïques.

Dark_knight_returns

En 1986, dans le mythique Dark Knight Returns, Frank Miller va nous présenter un Bruce Wayne vieillissant, forcé de reprendre le costume de Batman face à une nouvelle vague de crime.  Le récit, sombre et violent, nous montre un justicier extrémiste, rendant une justice expéditive. Cette vision particulièrement torturée du superhéros influencera fortement la décenie qui suivra…

 

Avec le succès de ces deux œuvres, qui firent revenir DC sur le devant de la scène, les récits sombres et violents vont se multiplier. Dans Killing Jokes, le Joker agresse Barbara Gordon (Batgirls) et celle-ci fini en fauteuil roulant. Dans Une Mort dans la Famille, le même Joker va tabasser à mort Jason Todd, le second robin, à coup de barre à mine, entraînant Batman dans une nouvelle quête vengeresse. Détail encore plus malsain sur cet épisode, l’éditeur avait invité les lecteurs à voter pour décider du sort de Jason Todd, et la plèbe a voté la mort !

Ces deux œuvres entraînèrent également le développement des « Graphic Novel » : des récis plus adultes, plus profond avec de véritables ambitions artistiques, tels que Sandman de Neil Gaiman.

Spawn

En 1992, un certain nombre d’artiste, dont les brillants et populaires Jim Lee, Rob Leifeld et Todd MacFarlane pour fonder leur propre maison d’édition, Image Comics. En effet, jusqu’alors les artistes de Comics n’avait aucun droits financiers ou artistiques sur leur propre création. Chez Image Comics, les créateurs sont propriétaires de leur œuvre. Ce coup d’éclat eut un retentissement médiatique et les premières publications d’Image connurent des succès immédiats. Ce fut le cas du sombre et torturé Spawn, de Todd MacFarlane, du sombre et torturé Savage Dragon d’Eric Larsen, ou de l’équipe sombre et torturée des Wildcats, de Jim Lee.

Cette époque verra ainsi le règne des anti-héros sur les ventes d’illustrés. Punisher et Wolverine obtiennent

Venom Lethal Protector

leur propre série chez Marvel, de même que Lobo le biker de l’espace chez DC. Venom, la Némésis de Spider-Man créé quelques années auparavant par Tood MacFarlane, devient le personnage principal de la minisérie Lethal Protector puis d’une pelletée d’autres publications. Il obtiendra lui-même une nouvelle némésis, Carnage, encore plus violent que lui. Du côté de la distinguée concurrence, Bane va briser la colonne vertébrale de Bruce Wayne et un nouveau personnage, Azrael, va reprendre le costume de Batman, plus violent et sombre que son prédécesseur (ne vous inquiétez pas, Bruce Wayne va beaucoup mieux depuis).

Witchblade

Les années 90 seront ainsi caractérisée par des héros bourrés de testostérone, au physique body-buildé à l’extrème et bardés d’armes disproportionnées, virant parfois au ridicule. C’est aussi l’époque de l’hypersexualisation des personnages féminins. Ce fut particulièrement le cas dans les publications des nouvelles maisons d’édition, cherchant sans doute à attirer de nouveaux lecteurs avec des couvertures racoleuses. Chez Image Comics, l’armure de l’héroïne de Witchblade est moins couvrante qu’un micro-bikini et Catlin Fairchild la leader des Gen13 passe son temps à déchirer involontairement ses costumes… Mais les grands éditeurs ne sont pas en reste. Il suffit de voir le costume de la Femme Invisible à cette époque.

sue Storm

spider-man-saga-cloneMarvel va commettre quelques erreurs qui vont lui couter cher par la suite. Avec la Saga du Clone, les auteurs veulent donner un coup de jeune aux héros en remplaçant Peter Parker par son clone, Ben Reily en révélant que Peter Parker n’est pas le véritable Peter Parker mais le clone de son clone… La sauce ne prend pas et Marvel opère un rétropédalage et Parker réendosse le costume. Cette saga n’aura fait qu’embrouiller encore plus les lecteurs. De même, avec Heroes Reborn, Marvel tente de réécrire l’origine de ses personnages principaux en les emmenant dans une Terre parallèle. Malgré de bonnes ventes sur les premiers numéros, celles-ci retombent vites.

death of superman

Les années 90 sont aussi l’ère de la spéculation. Le comics étant à présent bien ancrée dans la culture populaire, certains anciens numéros commencèrent à prendre de la valeur sur le marché de la revente et des ventes aux enchères des premiers numéros d’Action Comics atteignent des montants records. Cela va attirer de nouveau type d’acheteurs vers les comics. On n’achète plus les comics pour leur histoire, mais dans l’espoir de les revendre au meilleurs prix quelques années plus tard. Ainsi, des particuliers vont acheter par lot de 100 chaque premier numéro d’une nouvelle série ou chaque comics ou apparaît un nouveau personnage en espérant une prise de valeur. Les éditeurs l’ont vite compris et les numéros spéciaux vont se multiplier : variantes multiples de couverture pour un même numéro, couverture brillantes ou agrémentée d’un hologramme, les auteurs sont incités à introduire régulièrement de nouveaux personnages… Chez DC, la mort de Superman annoncé en grande pompe dans les médias suit cette logique. Le numéro est vendu sous un blister noir… si vous lisiez votre bd, elle perdait irrémédiablement de la valeur (et… oui, ne vous inquiétez toujours pas, Superman va beaucoup mieux depuis).

De son coté, Marvel a été racheté par un homme d’affaire, Ronald Perelman, pointure de la finance mais qui n’y connais rien aux comics (il pensait avoir racheté Superman dans le lot). Il va instituer une organisation complexe de la société, créant une séparation entre les créatifs et les décideurs, et introduire Marvel en bourse. Il va également se lancer dans une série d’acquisitions entraînant un endettement important de la société, compensé uniquement par une augmentation des tirages et des prix des revues.

Mais à partir de 1996, la bulle spéculative va éclater. Les investisseurs vont se rendre compte qu’a force de multiplier les numéros spéciaux, ceux-ci n’avaient plus riens de spéciaux et qu’ils ne pourront pas payer les études de leurs enfants avec des comics de Spider-Man. Les ventes s’effondrent. Les premiers touchés seront les boutiques de Comics qui vont fermer les unes après les autres. Cela va accélérer la descente aux enfers des maisons d’édition, privées de leur principal réseau de distribution. Marvel, endetté jusqu’au cou, ne sera pas capable de surmonter cette épreuve : c’est la banqueroute ! Genoux au sol, la Maison des Idées devient alors la cible d’un super vilain de la finance. L’un des acteurs majeurs de l’industrie des super héros est sur le point de disparaître…

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