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Protocole de Crise
6 juillet 2021

L'Histoire des Superhéros Vème partie : L'Âge Moderne (ou Âge Cinématographique ?)

Comme le sang attire le requin, la banqueroute de Marvel attire un investisseur peu scrupuleux, Carl Icahn. Son objectif est de prendre le contrôle de Marvel en rachetant une partie de sa dette, pour démanteler l’entreprise et revendre les différents assets au plus offrant. Cela annonce clairement la fin de l’activité la moins rentable de l’entreprise : l’édition.

ToybizMais un autre acteur entre en jeu, la société Toybiz. Cette petite société de jouet dispose des droits exclusifs sur les actions figures de Marvel et un accord entre les sociétés autorise Avi Arad, le patron de Toybiz, à assister aux conseils d’administration de Marvel. Arad a bien compris que sans la publication des comics, les figurines de superhéros n’auront plus de valeur. Il va réussir à convaincre les banques qui annulent leurs accords avec Icahn et procèdent à la fusion entre Marvel et Toybiz, créant ainsi Marvel Entertainment. Avi Arad et Issac Perlmutter prennent les manettes de Marvel. Cela va lancer le renouveau de la Maison des Idées (je vous conseille le passionnant documentaire Marvel Renaissance sur le sujet).

X-Men

Les objectifs de Marvel sont alors clairs : créer du contenu pour vendre des produits dérivés. Marvel s’investit dans l’adaptation de ses personnages au cinéma. Blade servira de coup d’essai en 1998, Mais c’est en 2000, avec le succès de X-Men de Brian Singer que le véritable coup d’envoi des adaptations est lancé. Le film est produit par la Fox (Marvel ayant revendu les droits d’adaptation de ces personnages pour récupérer des liquidités), mais Marvel y a apporté tout le soutien possible (Avi Arad est d’ailleurs producteur délégué). Suivra Spider-Man de Sam Remi en 2002, X-Men 2, etc.

Marvel va débaucher de nouveaux auteurs, issues du comics indépendant comme Joe Quesada ou Brian Michel Bendis, et même du cinéma comme Kevin Smith.

UltimatesPour attirer un nouveau lectorat, Marvel va à nouveau lancer un reboot de son univers. Mais échaudé par le semi-échec de Heroes Reborn, cette fois elle le fait en parallèle des publications traditionnelles qui poursuivent la sacro-sainte continuité. C’est ainsi que nait l’univers Ultimate, sous la direction de Brian Michael Bendis, avec le lancement de toute une série de publications reprenant les différents personnages à leurs origines : Ultimate Spider-Man, Ultimate Fantastic Four, les Ultimates (équivalents des Avengers) … parmi celles-ci, certaines seront rapidement arrêtées (Ultimates X-Men), alors que d’autres perdureront pendant plus de 15 ans (Ultimate Spider-Man). De même, comme DC l’avait fait avec Vertigo quelques années auparavant, Marvel lance le label Icon pour publier des récits plus adultes sans se soucier de la continuité.

Dans la ligné des Graphic Novel qui ont fait son succès lors de la précédente décennie, DC poursuit la publication de récits plus sérieux et sombre avec l’arc No Man’s Land ou Un Long Halloween pour Batman, Identity Crisis qui aborde frontalement le thème du viol au sein de la Justice League, ou de l’excellent The Autority. Si les comics des années 90 était sombres et violent, ceux des années post 11/09 sont pessimistes et désabusés.

Toujours chez le même éditeurs, Alan Moore va produire (contre sa volonté car il déteste l’éditeur) La Ligue des Gentleman Extraordinaire.

new 52

Enfin, en 2011, Jim Lee, devenu Chief Editor chez DC va également lancer un nouveau reboot de son univers, New 52, repartant à nouveau sur les origines de ses personnages.

Chez Image, les comics prennent également un nouveau ton. Fini les colosses à la musculature saillante et les bad girls en bikini, les récits se font plus sombre, plus pessimistes. Leur titre phare sur cette période est sans conteste The Walking Dead, de Rober Kirkman.

Secret invasionMais Marvel a une idée en tête et les publications des années 2000 et 2010 sont clairement pensées pour préparer le terrain de futures adaptations cinématographiques. C’est l’ère des grandes épopées. Les évènements de type « Cross over », c’est-à-dire ayant un impact sur toutes les publications, vont se multiplier : Civil War, Secret Invation, Dark Reign… Pour les héros cosmiques de l’écurie, ce sera Anihilation, suivi de Conquest, etc…

En 2008, Marvel Studio lance au cinéma l’adaptation d’un de ses personnages phare, Iron Man. Cela va lancer ce que l’on nommera rapidement le Marvel Cinematic Universe.  Les adaptations de personnages vont alors se suivre (et se ressembler ?) avec en point d’orgue le film Avengers où les plus grands héros de l’écurie s’allient sur grand écrans. Le succès de cet univers connecté va bien entendu faire des envieux et d’autres vont s’y essayer, dont DC, mais sans jusqu’à présent réellement y parvenir. Les super-héros vont prendre le contrôle d’Hollywood.

Un autre évènement majeur va également accélérer le nouveau modèle économique de Marvel, c’est le rachat de Marvel Entertainment par Disney, scellant ainsi définitivement le rapprochement entre comics et cinéma.

AvengersL’influence des films se fait de plus en plus sentir sur les comics. Principalement sur leur apparence :  le Nick Fury « Samuel L. Jackson », né dans les pages des comics Ultimate, va remplacer le Nick Fury de la continuité principale ; le look des Gardiens de la Galaxie va se rapprocher de leur homologue cinématographique ; … . Le grand public connais aujourd’hui les super héros Marvel avant tout via le MCU ; les comics doivent donc s’adapter pour faciliter le lien. La direction éditoriale sera également impactée par ce rapprochement. Ainsi en 2013, le comics Age of Ultron servira à remettre sur le devant de la scène le vilain robotisé afin de préparer le second film Avengers où il tiendra le rôle de l’antagoniste principal. Dans le même style, l’arc Civil War II viens soutenir la sortie de Captain America Civil War au cinéma.

Encore plus flagrant, elle entrainera la réécriture des origines d’un personnage important : Scarlet Witch. En effet, celle-ci étant à l’origine une mutante, ses droits d’exploitation cinématographique revenaient à la Fox (avec les X-Men, d’ailleurs, la Fox a déjà exploité son frère, Quicksilver, dans le film X-Men Days of Futur Past). Pour garder l’exclusivité sur la Sorcière Rouge dans le MCU, Marvel a donc réécrit son origine : elle n’est plus une mutante, mais le fruit d’expérience du Maitre de l’Evolution, et on découvre qu’elle n’est même pas la fille du mutant Magneto, un fait établis dans les comics depuis près de 30 ans.

Le passage au grand écran va aussi pousser les éditeurs de comics à promouvoir de plus en plus la diversité sociale et culturel, parfois dans des récits bien construit et légitime (Sam Wilson en Captain America), d’autre fois de manière un peu artificielle (Ms Marvel ?).

Sam wilson Captain AmericaAprès une phase 3 terminé en apothéose dans Avengers End Game, Marvel studio va devoir trouver un nouveau souffle en se basant sur de nouveaux personnages (Steve Roger et Tony Stark ne devant plus apparaitre dans les prochains films). Grace à la plateforme Disney+, l’offre cinématographique est complétée par des séries tels que Wanda Vision, Falcon & le Soldat de l’Hivers, Loki, etc… Le risque, en multipliant les supports et le volume de production annuels, va être de ne pas tomber dans le même écueil que les comics : comment conserver une continuité cohérente lorsque de multiples auteurs doivent développer des personnages et des intrigues dans un univers partagé ?

La mode des Superhéros, omniprésent dans les années 2010, va-t-elle perdurée dans le mode post Covid ? La crise sanitaire va elle impacter les comics de 2020 comme le 11/09 et la menace terroriste à impacté les années 2000 et 2010 ? Face à l’uniformisation et la « politicaly-correctisation » des publications mainstream, assisterons à l’émergence de publication underground volontairement outrancière (déjà à l’œuvre depuis la fin des années 2010) ? beaucoup de pages restent à écrire sur le sujet…

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