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Protocole de Crise
31 octobre 2022

Série : She-Hulk - Avocate

She-Hulk: Attorney at Law Billboard Goes Live in Times Square

She-Hulk : Attorney at Law est la dernière série en date issue du MCU et diffusée sur Disney+ depuis le 18 Août 2022. Elle retrace l’histoire de Jennifer Walkers, cousine de Bruce Banner et qui hérite de ses pouvoirs après une transfusion sanguine. Dès l’annonce de cette série, Disney nous a indiqué le ton différent du reste des productions Marvel puisque celle-ci se voudra être une Comédie Judiciaire. Jessica Gao, scénariste reconnue dans le genre (c’est à elle que l’on doit le mythique épisode ‘Pickle Rick’ de la saison 3 de Rick & Morty) est nommée Productrice Exécutive du show. Mais avant d’entrer dans l’analyse de la série, jetons un coup d'œil sur le matériau d’origine. 

ATTENTION : certaines parties de cet article comporte des Spoilers, vous êtes prévenus !

 

 

The Sensational She-Hulk

Miss Hulk - BD, informations, cotesLe personnage de Miss Hulk (She-Hulk en VO) est apparu en février 1980 sous la plume de Stan Lee (c’est d’ailleur le dernier personnage qu'il créera pour Marvel). Le personnage se voulait être un croisement entre Hulk et Super Jaimie, mais la publication, the Savage She-Hulk, ne durera que 2 ans. Par la suite, Miss Hulk apparaît épisodiquement au côté de son cousin, ou encore au sein des Avengers. Après les événements de Secret War, Jennifer rejoint temporairement les 4 Fantastiques et c’est là qu’elle tombe sous la plume de John Byrne, auteur et dessinateur de la série à l’époque. En 1989, une nouvelle publication, Sensational She-Hulk, est lancée avec Byrne au commande. Cette nouvelle série est ouvertement humoristique et brise régulièrement le 4ème mur de manière originale. En effet, Miss Hulk prend fréquemment à partie son auteur au sujet des péripéties absurdes que ce dernier lui fait vivre; les dialogues entre personnages font ouvertement références aux publications Marvel; pour échapper à une situation inextricable, Miss Hulk n’hésite pas à déchirer la page du magazine et à s’enfuire dans la rubrique des petites annonces. L'apothéose est selon moi atteint dans le numéro 50 où, fatiguée de Byrne, elle se rend chez son éditrice pour demander à changer d’auteur. Elle va alors tester différents styles depuis le trait sombre de Frank Miller jusqu’à celui trop british de Dave Gibbon

SHE-HULK : LA MISS HULK DE JOHN BYRNE        She-hulk homage to Frank Miller's Sin City, by John Byrne | Shehulk, Sensational she-hulk, Hulk

 

Cette série marquera définitivement le personnage et permettra aux auteurs suivants de porter une critique méta sur l’univers des comics (ce fut particulièrement le cas avec Dan Slot de 2004 à 2009), de manière beaucoup plus subtile et moins gratuite que ce qui sera fait avec d'autres personnages (au hasard, Deadpool).

The Uncanny She-Hulk

Avant de nous attaquer au fond, regardons un peu la forme. Nous avons déjà un premier problème. Si dans le premier épisodes, des effort ont visiblement été fait côté effets visuels (après un premier tollé sur la toile suite à la diffusion du trailer), ce n’est malheureusement pas le cas du reste de la série. Les effets numériques ne sont pas des plus réussis, parfois mal animés et souvent mal incrustés, interagissant mal avec leur environnement. Cette médiocrité est pardonnable la plupart du temps (qu’il s’agisse de l’Abomination ou d’une horde de diablotins jaillissant d’un portail magique), mais ça devient particulièrement problématique lorsque le personnage principal, présent à l’écran 80% du temps, est créé en CGI. On entre alors dans ce que les anglo-saxons appellent l’Uncanny Valley, la vallée de l’étrange, cette gêne engendrée par une image à la fois trop réaliste et pas assez pour qu’on y croie réellement. 

Ne me dite pas que ca ne vous dérange pas

Dans la vallée..oh oh

The not so Sensational She-Hulk

Venons en à l’écriture de la série. Comme dit plus haut, le ton se veut humoristique et donc bien plus léger qu’à l’accoutumée. Mais les auteurs ont totalement oublié un élément essentiel de n’importe quelle histoire : des enjeux. Les épisodes se suivent sans aucun fils directeurs, et il est même  parfois difficile de trouver une cohérence au sein d’un même épisode. Finalement, nous avons une suite de péripéties sans grande logique ni, malheureusement, grand intérêt. Les personnages secondaires ne sont caractérisés que par un ou deux traits et n’ont aucune consistance (le pompon avec Titania, dont le personnage doit avoir été défini en trois mots : garce superficielle super-forte). Au final on ne s’attache à aucun d’entre eux (à part peut être Blonsky, mais uniquement parce j'adore Tim Roth, mais lui même ne semble n’avoir pas grand chose à foutre de son personnage). C’est encore pire avec le rôle-titre : si on ne se fie qu’au scénario,  le personnage de Jennifer Walker est désagréable, hautain et complètement inconstant. Il ne tient que grâce au talent de son interprète, Tatiana Maslany, qui s’en sort pas mal avec ce qu’on lui a donné à jouer.

Quant aux péripéties en elle-même, elles ne resteront pas dans les anales. Tout d’abord, les fans de super-héros n’y trouveront pas leur compte. La série ne propose que très (très) peu de scènes d’action et celles-ci sont peu spectaculaires et vite expédiées (les plus réussies sont sans doute les scènes d'entraînement avec Hulk au premier épisode). Ok, la série a été annoncé comme une comédie judiciaire, donc ne nous plaignons pas que l’action ne soit pas au premier plan (c’est Miss Hulk tout de même, la femme la plus forte du monde, c’est dommage de ne pas exploiter cet aspect, mais bon, admetons). Dans ce cas, disons le tout de suite, si vous vous attendez à retrouver le sel d’une Aly McBeal version 2022, vous allez être déçu. L’aspect judiciaire est tout simplement inepte et sans saveur : aucune tension, pas une once de réalisme dans la façon dont la justice fonctionne. Les affaires sont réglées en deux temps trois mouvements : Jennifer semble débarquer au tribunal sans aucune préparation et tout repose sur un seul et unique témoin qui déclare "l'accusé est innocent !” et hop, l’affaire est réglée… 

Reste le côté comédie et là encore, c’est pas ouf. La série a réussi a m’arracher quelques sourires sincères mais rares (j’ai adoré l'hommage à la vieille série  “L’incroyable Hulk” en intro de l’épisode 9). En revanche, elle regorge de moment assez gênant. Une grande partie de “l’humour” de la série consiste à ridiculiser ses personnages. Et là, tout le monde y passe, en commençant par son héroïne, mais en égratignant au passage les quelques gest-star issues du MCU : Hulk, Wong, l’Abomination…et j’en passe (car le souvenir en est trop douloureux). Le brisage du quatrième mur, assez discret au début de la série, varie lui aussi du plaisant au gênant. Mais c’est surtout lors du dernier épisode, ou She-Hulk sort enfin littéralement du cadre qui m’a le plus déçu. En effet, la scène aurait pu être géniale et drôlissime si le message porté n’était pas aussi cynique et méprisant pour le spectateur (mais je vais y revenir). 

Lorsqu'il ne fait pas échapper des monstres de prison à haute sécurité...

Wong, Sorcier Suprême qui passe ses journées dans son canapé à matter des séries

 

The Shamefull She-Hulk

Le dernier point concerne donc les messages véhiculés par la série. Elle nous a été présentée comme une série féministe, représentant une femme forte lutant dans un monde patriarcale. Si certains discours sur la place de la femme dans notre société semble un peu forcés (mais tout à fait légitime), c’est surtout dans le développement du personnage que le bas blesse. En effet, au fil des épisodes, Jennifer accepte sans rechigner un job où elle n’a été engagée que pour son physique et ses préoccupations principales sont de s’acheter des fringues (un épisode y est consacré) et de se trouver un mec (2 épisodes complets). Elle se plaint du fait que tout le monde lui rappelle que la réussite d’une femme passe forcement par le mariage, mais dans l’épisode final, le Happy Ending de la série consiste en un repas de famille où Jen est totalement éclipsée par son nouveau petit ami qui est le centre de tous les intérêts (des personnages mais aussi, vous le comprendrez en le voyant, des spectateurs). Vous avouerez qu’en terme de message féministe, on a vu plus convainquant. 

De même, le sujet de la toxicité des réseaux sociaux et de la misogynie qui se cache sous des prétextes fallacieux est également abordé.En effet, la série fait le choix audacieux de faire d' un groupe d’Incels frustrés et haineux  l'antagoniste final de la serie, qui s’en prend à Jennifer car, en tant que femme, elle n’a pas mérité les pouvoirs qu’elle a reçu. Mais là encore, le sujet est exposé, caricaturé, mais pas traité et le ton humoristique vient tout dédramatiser en se contentant de ridiculiser ses protagonistes. 

Mais j’en reviens à la scène finale. On touche ici ce qui me semble réellement problématique avec la série She-Hulk : le manque de respect pour son spectateur. En effet, sans doute en hommage aux élucubrations de John Byrne, She-Hulk va se rendre aux Studio Marvel (je jubilais en voyant le début de cette scène, mais j’ai déchanté en en comprenant le fond). Fatigué d’un climax ridicule et sans queue ni tête, elle va être confrontée à ses auteurs et au tout puissant Kevin Feige, représenté en Intelligence Artificielle type Glados, programmée pour satisfaire le public grâce des algorithmes bien réglés. Et là, que nous dit Marvel Studio : “On sait que c’est nul, mais LoL… on s’en fout !”; “On sait que nos films sont des produits industriels qui ont perdu leur âme mais…”, mais rien. Un constat cynique sans intention de changer la formule en rien. La scène est juste là pour nous faire rigoler sur son côté méta, mais c’est tout. C’est particulièrement odieux lorsque K.E.V.I.N. demande à She-Hulk de reprendre sa forme normale car “les FX coûtent cher” (lol), alors qu’on sait la façon dont Disney et Marvel Studio imposent des conditions intenables aux équipes d’effets spéciaux et infligent aux artistes de cette discipline des conditions de travail honteuses. 

She-Hulk' Star Says Series Exists As "A F-k You" To Critics, Head Writer Boasts "Part Of Me Really Loves Trolling The Trolls" - Bounding Into Comics

Oui, on écrit de la merde, mais on assume donc c'est pas grave !

 

Et voilà comment une série qui aurait pu être sympathique et totalement gâchée par l’arrogance mal placée de ses auteurs.

 

Et en ce qui me concerne, mon cœur de fan est meurtri par le nombre de personnages gâchés par la série : Titania qui est sensée être une adversaire majeure de Miss Hulk et un membre important des Maîtres du Mal (j’espère de tout coeur ne jamais revoir ce personnage dans le MCU tellement elle est horripilante), les Démolisseurs, un groupe de vilains que j’affectionne beaucoup et qui a été réduit à une bande de bras cassés ayant volé “des outils magiques sur un chantier Asgardien”(sic), Mister Immortal le leader des Vengeurs des Grands Lacs devenu un vieillard libidineux, l’Intelligencia, un groupe sensé être composé des plus grands cerveaux criminels de Marvel, Skaar le fils de Hulk introduit de façon misérable (le guerrier indomptable des comics laisse place ici à un adolescent introverti) et qui me fait perdre l’espoir de voir un World War Hulk digne de ce nom et surtout Daredevil qui fait ici son entrée dans le MCU (paix à son âme) et qui m’a fait pleurer des larmes de sangs (un conseil mes amis, enregistrez les épisodes de l’ex-serie Netflix avant que Disney ne décide de censurer certains passages, je ne serais pas surpris que ça arrive). Si jamais ces personnages venaient à apparaître sur nos tables de jeu (ce que j’espère de tout cœur), je lance un message solennel à AMG : éloignez vous le plus possible de la représentation qu’en a donné le MCU s’il vous plaît !

 

Quelle indignité !

Quelle indignité !

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